Sols urbains : 93 % des villes conscientes de leur importance, mais 1/3 en fait une priorité

Date de publication

juillet 2025

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Dans un contexte où les villes sont appelées à renforcer leur résilience face aux changements climatiques, l’Observatoire des villes vertes, a mené une enquête auprès des décideurs locaux sur la gestion des sols en ville. Véritable socle du vivant, le sol est à la fois support de végétation, régulateur naturel des eaux pluviales et réservoir de biodiversité. L’étude révèle un paradoxe marquant : si la quasi-totalité des villes reconnaît son importance, peu en font encore une priorité stratégique.

Une étude réalisée en partenariat avec Plante & Cité et l’Institut de la transition foncière.

Chiffres clés de l’étude

• 93% des villes reconnaissent l’importance stratégique des sols urbains

• 80% des villes placent la croissance des végétaux comme fonction prioritaire des sols

• Les principaux freins à la préservation des sols urbains : contraintes budgétaires (46%), pression foncière (46%) et manque d’expertise technique (40%)

• A peine 13% des communes suivent la biodiversité de leurs sols

• Un quart des collectivités seulement réalise des diagnostics et cartographies de sols

De la conscience à l’action : un fossé à combler

L’étude menée par l’Observatoire des villes vertes révèle un paradoxe marquant dans la gestion des sols urbains. 93 % des collectivités reconnaissent l’importance stratégique des sols dans leurs politiques urbaines. Pourtant, seules 33 % en font une priorité pleinement intégrée à l’ensemble de leurs projets. Pour plus de la moitié des répondants, les sols sont certes un sujet important, mais restent relégués derrière d’autres urgences, illustrant le chemin qu’il reste à parcourir pour en faire un véritable pilier des stratégies de résilience.

Les priorités sont pourtant clairement identifiées : 80 % des villes mettent en avant la nécessité de garantir une bonne croissance des végétaux. Les enjeux liés à l’eau – infiltration (63 %), résistance au stress hydrique (50 %) – et la biodiversité (60 %) sont également reconnus comme fonctions majeures, témoignant d’une évolution dans la perception du sol comme écosystème vivant.

Sols urbains : le visible privilégié sur l’essentiel

L’écart entre conscience et action se manifeste particulièrement dans les pratiques : si le paillage (93 %), la végétalisation (93 %), et la désimperméabilisation (90 %) sont largement adoptés, les démarches plus techniques restent minoritaires. Seuls 20 % des villes réalisent des diagnostics de sols ou des cartographies, 13 % suivent la biodiversité souterraine, et à peine un tiers limitent le travail mécanique du sol.

Ces chiffres révèlent un angle mort dans les politiques urbaines : celui de la vie invisible mais essentielle du sol.

Expertise et budget au cœur des enjeux

Le développement d’une stratégie ambitieuse se heurte par ailleurs à des obstacles majeurs. 46 % des collectivités évoquent des contraintes budgétaires tandis que 40 % pointent le manque d’expertise technique. La pression foncière, citée par 46 % des répondants, complique la création d’espaces de pleine terre. Plus révélateur encore : 83 % des villes ignorent l’existence de la plateforme QUBS d’observation de la biodiversité des sols, qui permet d’observer et d’évaluer la biodiversité des sols. 

« Le sol constitue aujourd’hui un élément structurant des projets de paysage et de plantation, par sa qualité biologique, sa perméabilité et l’ampleur des surfaces dédiées. Les collectivités doivent engager des diagnostics pédologiques et développer des compétences en ingénierie des sols. Ces leviers sont essentiels pour concevoir des espaces végétalisés durables en milieu urbain. » souligne Anne Marchand, co-présidente de l’Observatoire des villes vertes.

Des villes pionnières qui montrent la voie

Malgré ces obstacles, des villes innovent. À Reims, le programme « Reims Nature » vise à offrir un espace vert à moins de 300 mètres de chaque logement, tout en renaturant les anciennes friches du Port Colbert. Grenoble transforme d’anciennes routes en bosquets et expérimente des substrats alternatifs. À Royan, une mini-forêt a remplacé une ancienne décharge, tandis qu’à Montpellier, la désimperméabilisation des cours d’écoles et les jardins de pluie font partie des outils déployés pour favoriser la résilience urbaine.

Si les pratiques de base comme le paillage et la gestion extensive sont généralisées, les approches plus ambitieuses restent à développer : 46 % des villes seulement apportent régulièrement du compost, 20 % utilisent exclusivement des engrais naturels, et 33 % limitent le travail mécanique des sols. Plus préoccupant : 6 % des collectivités n’ont aucune mesure spécifique pour la biodiversité des sols.  Un chiffre qui, bien que minoritaire, montre qu’il reste encore des territoires à accompagner dans cette transition vers une gestion plus durable des sols urbains.

« La préservation des sols urbains ne peut plus se contenter de mesures superficielles, elle doit devenir un pilier stratégique de la résilience de nos villes.  Sans un cadre réglementaire et financier véritable, couplé à un renforcement des expertises au sein des collectivités, nous ne pourrons pas relever le défi de la ville verte de demain. » conclut Laurent Bizot, co-président de l’Observatoire des villes vertes.